Sortez, sortez !

Bon, je ne suis pas superstitieuse et même plutôt cartésienne  Mais j'avoue ne pas aimer les fâcheuses coïncidences. 

Bref, ce 11 septembre 2012 au matin, je me lève, regarde l'heure et me dis, comme d'habitude "Oups, déjà 8h15, il ne me reste que 15 minutes avant que le chauffeur d'AMREF n'arrive. Adieu petit déjeuner!"  

15 minutes plus tard, je suis donc prête (et propre - pour ceux qui se demanderaient si l’étape douche a également été omise) et monte avec Michiel dans la voiture de Mamadou. 

Arrivée au bureau, comme d'habitude, nous saluons les collègues et je cours me préparer un café et manger quelques biscuits.

Nous avons beaucoup de travail aujourd'hui. La fin de la mission est proche. Il faut avancer sur les documents a livrer au client. Michiel et moi sommes très concentrés, échangeons parfois quelques mots mais brièvement, juste pour vérifier que nous avançons dans la même direction.

Noir. 

Zut, encore une coupure d’électricité. 

Ah non, tiens, le courant est déjà revenu. Heureusement. Je n'ai pas de temps a perdre aujourd'hui.

Dans la pièce d'a coté, Malick et Racky discutent. 

Re-noir. 

Re-lumière. 

Bon, faudrait savoir.

Jour. Nuit. 

Jour. Nuit. C'est pas bientôt fini ?

Puis, un cri aigu. C'est Malick. 

Un autre, plus fort. Puis on l'entend crier, paniqué, "Sortez, sortez !"

Je cours dans le couloir. Dehors, une fumée noire monte et entre jusqu’à nous. 

Je ne réfléchis pas et descends les deux étages quatre a quatre. 

Arrivée a quelques mètres du rez de chaussée, je ne vois plus rien, tout est noir de fumée. J'entends quelque chose crépiter, comme si un engin était prêt a exploser. J'ai peur. Je ne veux pas revenir en arrière. Je ne veux pas rester dans le bâtiment. Alors, je cours aussi vite que possible pour parcourir les dernières marches et traverser la fumée. La porte du bâtiment est ouverte. Ouf, me voila dehors ! 
Je vais de l'autre cote de la rue, bien loin de l’entrée de l'immeuble. Toute une foule s'est rassemblée pour voir l’incendie. Les gens qui travaillent ou habitent autour, mais aussi plein de simples curieux qui semblent presque ravis d'assister a l’évènement.

J'attends que les autres sortent mais personne n'arrive. Je crie 'Michiel !!! Malick !!! Racky !!!", puis les voie. Ils sont tous restés au deuxieme étage. Malick a son sac d'ordinateur sur le dos. Il passe une jambe par la fenêtre. Il veut sauter ! Toute la rue commence a crier "Non, non !!'. Il persiste. Michiel finit par réussir a le retenir. Ils montent ensuite sur le toit.

Les pompiers ont été appelés par le gardien de l'immeuble depuis longtemps mais tardent a venir. Le gardien, aide d'autres personnes essaie d’éteindre le feu, en vain. 

L'engin qui crépitait dans le hall d’entrée, c'est le compteur électrique. Il a pris feu a cause des multiples coupures d’électricité consécutives. 

Les pompiers arrivent enfin, et vident des centaines de litres sur le compteur électrique.

Michiel et le reste de mes collègues peuvent enfin descendre et sortir. Ils ont eu très peur et toussent a cause de la fumée inhalée. Mais ils sont sains et saufs !

Michiel a pu prendre cette photo en descendant. Avant l'incendie, le sol était de la couleur du mur !




Du toit, il a pu prendre cette photo au moment de l’arrivée des pompiers. La silhouette avec le t-shirt fuchsia en bas a gauche de la photo, c'est moi.



Autant dire que notre journée de travail a bien été perturbée. 

L’électricité a quand même pu être rétablie rapidement dans le bâtiment et nous avons pu retourner travailler au bureau trois jours et demi après. 

Le 11 septembre de l'année prochaine, je resterai peut-être simplement au lit avec un bon petit déjeuner !